Hommes vivant avec le VIH : La stigmatisation sociale altère la fonction cognitive
Dans cette population, la réduction de la stigmatisation pourrait favoriser le traitement des troubles cognitifs
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Une nouvelle étude a permis d’établir un lien direct entre l’ampleur de la stigmatisation dont dit être victime un homme vivant avec le VIH et son score aux épreuves d’évaluation de la fonction cognitive, qui mesurent des capacités telles la mémoire et l’attention.
L’étude, réalisée par des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (Le Neuro), de l’Université Â鶹Çø et du Centre universitaire de santé Â鶹Çø, a été menée auprès de 512 hommes de race blanche et d’âge mûr vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) recrutés dans des cliniques aux quatre coins du Canada et qui ont constitué la cohorte du programme Pour un cerveau en santé, agissons! Les participants devaient répondre à un questionnaire sur l’ampleur de la stigmatisation dont ils étaient victimes. On a ensuite couplé leurs réponses aux résultats qu’ils ont obtenus aux épreuves d’évaluation de la fonction cognitive et de la santé mentale.
Les chercheurs ont découvert que la stigmatisation liée au VIH a un effet immédiat sur l’anxiété et sur les résultats aux épreuves de la fonction cognitive. On a également observé un lien direct, bien que moins marqué, entre la stigmatisation et la dépression. En raison de ses effets sur la fonction cognitive, la stigmatisation a été associée à une baisse de la participation aux activités sociales et à une perturbation du fonctionnement dans la vie de tous les jours.
Cette étude est la première à établir une relation franche entre la stigmatisation et le rendement cognitif chez des personnes vivant avec le VIH. Si les mécanismes par lesquels la stigmatisation affecte la fonction cognitive n’ont pas été élucidés, on soupçonne néanmoins que les répercussions du stress chronique sur le cerveau et certains effets psychologiques, comme des croyances négatives intériorisées, pourraient faire partie des causes éventuelles.
Le sida est désormais considéré comme une maladie chronique. Grâce à la mise au point de traitements antirétroviraux efficaces, l’espérance de vie des patients s’est accrue, si bien que bon nombre d’entre eux sont devenus ou deviendront bientôt des aînés. Il est important de comprendre comment le virus et les facteurs connexes tels que la stigmatisation affectent les patients vieillissants. Or, cette découverte ouvre la voie à l’élaboration de nouvelles démarches pour le traitement des troubles cognitifs dans cette population et vient renforcer la nécessité de lutter contre la stigmatisation liée à l’infection par le VIH.
« Notre recherche révèle que l’incidence neurologique du VIH/sida ne se limite pas aux simples effets biologiques », souligne la Dre Lesley Fellows, chercheuse au Neuro et auteure en chef de l’étude. « L’environnement psychologique et social dans lequel évolue le patient y contribue également. L’étude met en évidence le besoin d’interventions destinées à réduire la stigmatisation sociale et d’appuyer la résilience face à ses effets toxiques sur la santé cérébrale. »
Cette étude, publiée le 13 novembre 2018 dans le , a été rendue possible grâce au financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC. Elle a regroupé une équipe interdisciplinaire de chercheurs et des représentants des communautés des personnes vivant avec le VIH de Montréal, de Toronto, d’Hamilton et de Vancouver.
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – est un établissement de calibre mondial voué à la recherche sur le cerveau et aux soins neurologiques de pointe. Depuis sa création, en 1934, par le célèbre neurochirurgien Wilder Penfield, le Neuro est devenu le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques spécialisé en neurosciences au Canada, et l’un des plus importants sur la scène internationale. L’intégration harmonieuse de la recherche, des soins aux patients et de la formation par les plus grands spécialistes du monde contribue à positionner le Neuro comme un centre d’excellence unique pour l’avancement des connaissances sur les troubles du système nerveux et leur traitement. En 2016, le Neuro est devenu le premier institut au monde à adopter sans réserve le concept de la science ouverte en créant l’Institut de science ouverte Tanenbaum. L’Institut neurologique de Montréal est un institut de recherche et d’enseignement de l’Université Â鶹Çø. L’Hôpital neurologique de Montréal fait partie de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé Â鶹Çø.