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Les chasseurs de glace

±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 27 March 2007

Un professeur de Â鶹Çř et une Ă©quipe du Conseil national de recherches et du Service canadien des glaces utilisent un modèle informatique afin de repĂ©rer les glaciers, de la pointe Ă  la base

Près d’un siècle après que le membre d’équipage Frederick Fleet ait crié « glacier, droit devant! », alors qu’il était juché sur le nid-de-pie du Titanic, la navigation dans le passage connu sous le nom de « couloir d’icebergs », en bordure des Grands Bancs, au sud-est de Terre-Neuve, demeure marquée de la crainte constante d’une collision causée par une débâcle de monolithes massifs de glace.

Un groupe de scientifiques canadiens, formĂ© notamment de Stuart Savage, professeur Ă©mĂ©rite de l’UniversitĂ© Â鶹Çř en gĂ©nie civil et mĂ©canique appliquĂ©e, a mis au point un modèle informatique unique qui rĂ©duit cette menace en prĂ©disant la direction des glaciers, donnant ainsi aux Ă©quipages marins une longueur d’avance fort apprĂ©ciable – sur laquelle le Titanic n’a pas pu compter.

« Un morceau de glace de cinq ou six mètres de diamètre peut causer beaucoup de dommages à un bateau. Ce que nous nous attachons à faire est de prévenir une collision ou un déversement de pétrole, et ce, avant qu’un danger ne se concrétise », a mentionné le Pr Savage.

Selon l’Institut des technologies océaniques du Conseil national de recherches du Canada, plus de 50 collisions contre des glaciers dans l’Atlantique Nord ont été enregistrées en autant d’années. La collision la plus meurtrière s’est produite le 30 janvier 1959, entraînant le décès de 95 passagers voyageant à bord du Hans Hedtof, un navire européen qui a frappé un iceberg et a ensuite sombré en mer, au retour de son voyage inaugural.

« En raison des outils technologiques dont nous disposons désormais, les probabilités que se produise une collision contre un iceberg ont été considérablement réduites. Quoi qu’il en soit, elles ont encore lieu », a indiqué le Pr Savage.

Pour y arriver, le Pr Savage, de concert avec des scientifiques du Centre d’hydraulique canadien du Conseil national de recherches et du Service canadien des glaces, a conçu un modèle prévisionnel informatisé faisant appel à des données recueillies sur place, à la taille estimative, de même qu’aux conditions aériennes et maritimes afin de calculer la voie de déviation des glaciers les plus imposants parmi les milliers qui dérivent chaque année, de l’ouest du Groenland dans l’Atlantique Nord. Muni de cette information, le capitaine d’un bateau peut notamment décider de faire dévier le glacier de la trajectoire de collision afin de protéger une installation de forage pétrolier. Le projet a obtenu le soutien financier du Programme de recherche et de développement génétiques de Ressources naturelles Canada.

Activé sur un ordinateur de bureau, le modèle simule les conditions actuelles établies en fonction des données recueillies par les spécialistes affectés à l’observation de glaciers, soit à bord d’une patrouille maritime ou aérienne. Le modèle fait ensuite appel aux équations fondées sur la physique du mouvement afin de prédire la trajectoire des glaciers, lesquels, selon les observations du Pr Savage, peuvent se déplacer d’un mètre par seconde en fonction des conditions atmosphériques et océanographiques.

Les tests effectués en bordure des Grands Bancs ont démontré que le modèle informatique canadien est au moins 30 pour cent plus précis que le modèle prévisionnel créé par la International Ice Patrol (patrouille internationale des glaces), une division de la Garde côtière américaine établie à la suite du naufrage du Titanic. Les organisations collaborent étroitement afin de conclure la mise en œuvre du nouveau système de prévision, une fois qu’il aura été testé dans d’autres régions d’Amérique du Nord pour valider les résultats obtenus à ce jour.

« Notre objectif est de nous assurer qu’aucune tragédie de cette ampleur ne se reproduise », a conclu le Pr Savage.

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